N°05 – « Les antispécistes / véganes veulent rompre tout lien avec les animaux »

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TEXTE COMPLET

« Les antispécistes / véganes veulent rompre tout lien avec les animaux »

Mais non ! Pour y voir plus clair, définissons ce qu’est l’antispécisme :

On appelle spécisme l’idéologie qui postule une hiérarchie entre les espèces animales. Le spécisme conduit à octroyer des privilèges aux êtres humains au détriment de tous les autres animaux. On peut aussi ranger sous ce terme la préférence pour certains de ces animaux par rapport à d’autres ; ce qui amène, par exemple, à accepter de mettre à mort et de manger des poissons ou des vaches, mais pas des chiens ou des chats. L’antispécisme est le refus de cette idéologie.

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À la lecture de cette définition, on perçoit mieux que l’antispécisme n’induit pas a priori de volonté de rompre tout lien entre les êtres humains et les autres animaux. Cette idée reçue est pourtant utilisée comme critique de la pensée antispéciste. On peut ainsi lire, par exemple : “[Dans l’antispécisme] toute relation aux animaux est pensée comme un rapport de domination qu’il faudrait rompre” ; ou encore “Le véganisme est dangereux. Il menace paradoxalement de nous faire perdre notre humanité incarnée et notre animalité en nous coupant des réalités naturelles […], avec des chiens et chats remplacés par des robots.” (P. Ariès, F. Denhez, J. Porcher).

Cet argument constitue un homme de paille (ou “épouvantail”), sophisme qui consiste à travestir la position de son interlocuteur·rice pour la ou le contredire plus facilement. L’antispécisme ne consiste pas à rejeter toute interaction avec les autres animaux, mais à rejeter celles qui constituent une négation de leurs intérêts propres, et qui sont une source de nuisances non nécessaires pour eux : capture, sélection génétique, privation de liberté, mutilations, abattage, etc.
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Postuler que l’antispécisme est incompatible avec le fait d’être en relation avec d’autres animaux, c’est ignorer (ou feindre d’ignorer) que les principes induits par cette pensée sont compatibles avec : les promenades en forêt destinées à observer oiseaux, amphibiens, reptiles, mammifères, arthropodes (entre autres) ; l’accueil d’animaux abandonnés, malades, handicapés ou en fin de vie pour leur offrir des soins et une vie meilleure ; le plaisir – comme c’est déjà le cas aujourd’hui – de la compagnie quotidienne des oiseaux nichant en ville, des hérissons vivant dans les jardins, des canards et autres rainettes évoluant dans les milieux humides, et de bien d’autres individus avec lesquels ont peut vivre sans pour autant les utiliser, les exploiter ou les mettre à mort.

En plus de constituer un homme de paille, on peut donc voir cet argument comme une pente savonneuse : il exagère les conséquences d’une thèse en lui attribuant des conséquences menant à la catastrophe. Dans la mesure où la disparition de tout rapport avec les autres animaux n’est ni souhaitée ni revendiquée par le mouvement antispéciste, cet argument est aussi un procès d’intention.