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« L’antispécisme prône une égalité de traitement entre humains et animaux »
Mais non ! Pour y voir plus clair, définissons ce qu’est l’antispécisme :
On appelle spécisme l’idéologie qui postule une hiérarchie entre les espèces animales. Le spécisme conduit à octroyer des privilèges aux êtres humains au détriment de tous les autres animaux. On peut aussi ranger sous ce terme la préférence pour certains de ces animaux par rapport à d’autres ; ce qui amène, par exemple, à accepter de mettre à mort et de manger des poissons ou des vaches, mais pas des chiens ou des chats. L’antispécisme est le refus de cette idéologie.
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Remise en contexte
Dans les discussions relatives à l’éthique animale (et d’autres concepts liés, tels que le véganisme), on entend parfois dire que l’antispécisme promeut une égalité de traitement entre les humains et les autres animaux. Cette thèse est parfois même énoncée par des personnes antispécistes. Elle est pourtant fausse ; certains exemples concrets permettent de mieux le comprendre.
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L’antispécisme remet en cause l’idée qu’Homo sapiens serait une espèce intrinsèquement supérieure à toutes les autres espèces animales. Cela n’implique pas pour autant le fait de considérer que les humains et les autres animaux sont identiques, qu’ils doivent jouir des mêmes droits ou des mêmes traitements. Cela induit en revanche qu’il est souhaitable de porter une même considération à des intérêts comparables (notamment, l’intérêt à éviter la souffrance et à prendre du plaisir). C’est ce qu’on appelle l’égale considération des intérêts.
Ce principe constitue précisément l’inverse de l’égalité de traitement absolue : il est question de traiter un individu non pas en fonction de son statut mais en fonction de ses besoins, en reconnaissant ses spécificités. Il n’est question ni de nier les dissemblances existant entre différents individus appartenant à différentes espèces, ni de donner le droit de vote aux belettes, ni de proposer les mêmes aliments à un cheval et à un cochon, par exemple.
Un traitement égal par défaut peut être source de souffrances dans certains cas puisque cela peut conduire à mettre en œuvre des traitements inadaptés pour certains individus.
C’est le même principe qui consiste à appliquer un traitement différencié aux individus humains en fonction de leurs besoins et conditions physiologiques dans un cadre médical, par exemple : il est facile d’admettre qu’un bébé d’un an n’a pas les mêmes besoins qu’un individu de 85 ans et que les traitements qui sont administrés à l’un et à l’autre doivent sans doute être différents, sans que cela puisse être qualifié de discrimination arbitraire ou ne découle d’un mécanisme de domination.
POUR ALLER + LOIN
– The Critical Vegan, Pensées antispécistes #1.1 : Peter Singer et la dénonciation du spécisme, 2019
– The Critical Vegan, Humains et animaux sont-ils égaux ? Égalité & Intérêts – Peter Singer – Pensées Antispécistes #1 (vidéo)
– Valéry Giroux, Tous les animaux ne sont pas traités de la même façon, 2020
– Page Wikipédia « L’égale considération des intérêts »
– Peter Singer, trad. David Olivier, L’Égalité animale expliquée aux humain-es (texte intégral)
– Peter Singer, La libération animale, 1975
– Peter Singer, Questions d’éthique pratique, 1979
– Fiche Idée Reçue n°02 : « L’antispécisme nie les différences entres humains et animaux »