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« L’antispécisme et le véganisme, ce sont des trucs de bobos déconnectés de la nature »
Mais non ! Voici quelques définitions pour y voir plus clair :
Antispécisme : On appelle spécisme l’idéologie qui postule une hiérarchie entre les espèces animales. Le spécisme conduit à octroyer des privilèges aux êtres humains au détriment de tous les autres animaux. On peut aussi ranger sous ce terme la préférence pour certains de ces animaux par rapport à d’autres ; ce qui amène, par exemple, à accepter de mettre à mort et de manger des poissons ou des vaches, mais pas des chiens ou des chats. L’antispécisme est le rejet de cette idéologie.
Véganisme : Mode de vie cherchant à exclure, autant que possible, tout produit issu des animaux non humains, de leur mise à mort ou de leur exploitation.
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Un argument souvent utilisé pour critiquer le mouvement antispéciste consiste à affirmer que ce dernier serait « une lubie de personnes vivant en zone urbaine et ne connaissant des animaux et de la nature que des représentations édulcorées et superficielles » ; en opposition avec les personnes « vivant dans des zones rurales, qui comprendraient davantage les lois de la nature » ; « accepteraient mieux la mort », et auraient « compris que le fait d’utiliser les animaux est une nécessité s’inscrivant dans le grand cycle de la vie » ; exemples de discours fréquents à ce sujet.
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D’une part, cet argument constitue une généralisation abusive, puisque toutes les personnes véganes et/ou antispécistes ne sont pas issues des mêmes milieux, n’exercent pas les mêmes professions, n’ont pas les mêmes moyens et ne vivent pas dans les mêmes conditions. Un certain nombre d’entre elles habitent en zone rurale, sont des naturalistes chevronnées, passent leur temps libre à randonner, chercher des champignons, s’occuper de leur potager, cueillir des plantes et fruits sauvages, etc.
D’autre part, cet argument n’est pas pertinent, car ce n’est pas la proximité avec “la nature” qui conditionne les considérations éthiques que nous sommes en mesure d’appliquer aux êtres qui nous entourent. Plus généralement, ce n’est pas parce qu’on connaît une chose (ou qu’on pense la connaître) que l’on acquiert une quelconque légitimité pour détériorer, exploiter ou détruire cette chose ou les entités qui la composent. Ainsi, il n’y a aucune raison rationnelle de considérer que les personnes qui chassent, pêchent ou utilisent les autres animaux pour leur chair, leur lait ou leurs œufs, par exemple, ont une vision plus juste de ce qui est éthique vis-à-vis d’eux.
Ces personnes ayant par ailleurs des intérêts dans le fait d’utiliser ou mettre à mort ces animaux, elles auront tendance à tenter de trouver des arguments justifiant a posteriori le bien-fondé de leurs pratiques… Ce qui constitue un biais cognitif courant : le biais de soutien du choix.