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« Avoir des droits implique forcément d’avoir des devoirs »
Mais non ! Remise en contexte.
Lorsqu’il est question d’accorder des droits ou une personnalité juridique aux animaux non-humains, il est fréquent d’entendre : “donner des droits aux animaux serait absurde (ou inutile), puisque cela impliquerait forcément qu’ils remplissent aussi des devoirs. Or, ils en sont incapables.”
Léa Mourey, avocate et ancienne enseignante en droit animal à l’Université de Strasbourg, montre le caractère erroné de cet argument : “Certains objectent que les droits sont toujours assortis de devoirs, et que c’est ce qui empêche d’attribuer une personnalité juridique aux animaux. Mais les humains les plus faibles, certains adultes sous tutelle, ou encore les très jeunes enfants, se voient reconnaître les mêmes droits que l’ensemble des êtres humains sans être en mesure d’observer des devoirs en retour.” (Carnets de science #14, CNRS Éditions, 2023)
Cet argument est également examiné par la juriste et philosophe Valéry Giroux :
“L’idée selon laquelle droits et devoirs vont de pair est très ancrée chez les philosophes du droit. (…) [Mais] tous les êtres humains, même ceux qui ne sauraient être tenus à des devoirs, sont bien titulaires de droits subjectifs et sont des personnes juridiques à part entière.” (L’Antispécisme, Presses Universitaires de France, Coll. Que sais-je ?, 2020, p. 99)
Cette idée est parfois mobilisée vis-à-vis de certains groupes humains vulnérables : elle a par exemple été exprimée par Emmanuel Macron (alors président de la République française) lors d’un déplacement à Nevers en 2021, où il avait affirmé à des personnes sans-papiers : “Vous avez des devoirs, avant d’avoir des droits”.
Pourtant, qu’il soit question de devoirs juridiques (par exemple, ne pas frapper autrui) ou de devoirs moraux (par exemple, ne pas gaspiller de la nourriture), il n’est factuellement pas nécessaire d’être en capacité de les accomplir pour bénéficier de droits.
Les bébés humains (tout comme d’autres humains qui manquent d’autonomie) par exemple, sont dans l’incapacité d’exercer un quelconque devoir. Ils peuvent toutefois bénéficier de droits qui les protègent et peuvent être représentés par des intermédiaires qui les défendent juridiquement.
Il en est de même pour les non-humains, qui sont d’ailleurs déjà dotés de droits, pour certains d’entre eux, sur certains territoires. Il n’est donc pas nécessaire qu’une entité ait la capacité d’accomplir des devoirs pour qu’elle bénéficie de droits protégeant ses intérêts.
SOURCES & INFOS COMPLÉMENTAIRES
• Valéry Giroux, L’Antispécisme, Puf, Coll. Que sais-je ?, 2020
• Léa Mourey, Carnets de science #14, CNRS Éditions, 2023
• Déclaration d’Emmanuel Macron, 2021
Exemples de discours de personnalités affirmant que les droits vont de pair avec des devoirs, concernant l’éthique animale :
• Gérald Bronner, « Viande, pourquoi tant de haine ? », Le Point, 2018
« Cet antispécisme réclame des droits pour les animaux sans voir que leurs capacités cognitives ne sauraient leur permettre de s’acquitter des devoirs qu’impliquent les droits qu’ils obtiendraient.«
• Philippe Granarolo, « Halte au végano-fascisme », iPhilo, 2018
« Évoquer un droit des animaux relève du même anthropomorphisme, car la notion de droits, ainsi que l’ont démontré nos meilleurs philosophes, ne saurait se concevoir sans celle de devoirs. »
• Jean-Pierre Digard, « La violence est inscrite dans la logique du projet vegan », Le Figaro, 2018
« La notion de droits ne saurait se concevoir sans celle des devoirs.«
• Paul Sugy, « Un animal est-il une personne ? », Figaro Vox, 2019
« Ces futurs citoyens [les animaux], qui n’ont semble-t-il jamais exprimé leur souhait de le devenir, ont-ils en ce cas une conscience assez développée pour comprendre que nul ne peut prétendre à des droits sans se voir octroyer également des… devoirs ?«
• Jordan Peterson, Twitter, 2023
« Les animaux n’ont pas de droits. Les « droits » impliquent une relation de réciprocité (tes droits sont ma responsabilité et vice versa). Les gens ont des responsabilités, notamment celle de traiter correctement les animaux, mais les animaux n’en ont pas. Évidemment.«
